Quelques repères
- 1844 : création du cercle
- 1882 : achat du premier billard
- 1900 : installation au 26 rue de Crimée
- 2014 : grande fête pour célébrer le 170ème anniversaire
- 2024 : grande fête (encore !) pour célébrer le 180ème anniversaire
Comme le montre l’acte de naissance, le 18 Février 1844, le « Cercle des Chefs d’Atelier de la fabrique d’étoffes de la ville de Lyon » voit le jour.
Tout avait commencé un mois plus tôt par la constitution d’un Groupement Ouvrier d’une vingtaine de membres, situé rue Terraille.
Après plusieurs changements d’adresses, c’est en 1864 qu’est voté le transfert « à La Croix-Rousse (alors commune indépendante – ndlr) plutôt qu’à Lyon ».
Comme c’est alors bien souvent le cas, la veine initiale du Cercle est clairement corporative, puisque les quelques canuts qui le fondent se donnent pour mission de « s’aider techniquement et financièrement pour assurer une meilleure défense de la corporation grâce aux échanges d’informations ».
* On se préoccupe de la condition des travailleurs :
o en 1865, le Cercle envoie de nombreux canuts siéger aux Prud’hommes
o en 1866, il remet une pétition au Sénateur pour obtenir un bureau à la Condition des Soies
o en 1875, il adresse un blâme aux sociétaires qui pratiquent des prix de façon inférieurs au tarif (rappelons que cette question du tarif avait été au coeur des célèbres mouvements de Révolte des Canuts dans les années 1830 à 1850)
o en 1877, le Cercle décide enfin d’accepter en son sein les retraités de la profession
* On se soucie en même temps du rayonnement de la soierie :
o en 1867, est votée une motion de remerciement à l’Impératrice Eugénie pour son action en faveur de la soierie lyonnaise
o en 1872, le Cercle participe activement à l’exposition de la ville de Lyon, où la soierie est à l’honneur
* Et l’on n’échappe pas aux limites du corporatisme :
o en 1884, l’ouverture du Cercle à d’autres professions est sèchement refusée
o ni l’hémorragie causée par la Première Guerre Mondiale, ni la nette érosion de la profession dans les années qui suivent, n’auront aisément raison de l’entêtement des vieux sociétaires à refuser tout membre qui ne serait pas chef d’atelier tisseur !
o il faut une crise grave, presque vitale, pour qu’un nouveau président soit élu, et que l’on se décide enfin à abroger en partie ces mesures d’ostracisme qui sclérosaient lentement mais sûrement le Cercle des Chefs d’Atelier.
C’est, pendant toute cette période, de manière très progressive que semblent se développer au Cercle un certain nombre de pratiques de loisirs. Les jeux de cartes d’abord.
En ce qui concerne le billard, il faudra faire preuve d’encore un peu de patience, puisque si la proposition d’achat d’un billard fait l’objet de débats très animés en 1875, elle est catégoriquement rejetée !
* Il faut attendre 1882 pour qu’arrive le premier billard.
* L’année 1900 marque un tournant important avec l’installation du Cercle à l’adresse actuelle. Ce n’est alors qu’un immense hangar où tout l’aménagement est à faire, mais qu’à cela ne tienne : l’émission d’actions à 3 % permettra de couvrir les frais de réalisation des plafonds, planchers, huisseries, ainsi que de plusieurs jeux de boules.
* Dans les années qui suivent, l’essor des sports et loisirs n’empêche une participation assidue ni aux mâchons , ni aux manifestations artistiques, ni aux conférences données par de prestigieux orateurs : Justin GODART, Edouard HERRIOT…
* Les difficultés ne sont certes jamais absentes, mais deux guerres ne viendront pas à bout du Cercle des Chefs d’Atelier.
* Durant la seconde, de nombreux sociétaires sont prisonniers. Des collectes sont organisées et des colis préparés au cercle, et expédiés… Certains membres participent activement à la Résistance.
* C’est en 1945 que le Centenaire est célébré avec (et pour cause !) un an de retard. L’évènement est chaleureusement salué par le Maire de Lyon, Edouard HERRIOT, fraîchement rentré de déportation.
La vie associative reprend ses droits… en même temps que la vie tout court !
La soif de vivre et la paix retrouvée donnent un goût particulier aux bonheurs les plus simples : les tables de belote, les billards et les jeux de boules tournent à plein régime.
* Un coup terrible va pourtant être porté au Cercle avec le développement de l’automobile et la construction du tunnel sous la Croix-Rousse, une de ses cheminées d’aération étant érigée au beau milieu du terrain !
* Lorsqu’en 1951, le tunnel est inauguré, il ne reste plus qu’un jeu de boules sur les cinq qui existaient, et de nombreux sociétaires quittent petit à petit un lieu qui ne répond plus à leurs attentes…
Il faut tout l’acharnement d’une poignée de mordus pour éviter une disparition pure et simple du club.
Une nouvelle orientation se dessine, dans laquelle le billard prend de plus en plus d’importance. Le nombre des pratiquants augmente, et avec lui, le nombre et le niveau des compétitions :
* Des joueurs de grande classe arrivent, qui se font à la fois un honneur et un plaisir de dispenser leur savoir.
* Des écoles fonctionnent régulièrement et les jeunes progressent à grands pas.
* Des titres prestigieux viennent régulièrement récompenser les efforts du club, comme autant d’hommages à ceux qui n’avaient pas voulu cesser d’y croire !
Le Cercle des Chefs d’Atelier s’affirme désormais comme un club dynamique, aussi résolument tourné vers l’avenir qu’il est solidement ancré dans l’ histoire locale.
Aussi n’est-ce peut-être pas tout à fait par hasard que la Ligue Rhône-Alpes de Billard décide à la fin des années 50 d’établir dans les mêmes murs son siège social…
Raison de plus, s’il en fallait une, pour que le lieu s’attache à assurer la cohabitation harmonieuse du « billard loisir » et d’une approche plus sportive.
* Convivialité et bonne franquette peut-être héritées du fin fond des ateliers de tissage…
* Plaisir de se retrouver au-delà des différences de professions, de générations, de petites habitudes ou de grandes idées…
* Bonheur de partager la même passion du billard…
Les recettes les plus simples sont souvent les meilleures pour que chacun se sente bien. Nombreux sont celles et ceux qui ont pu le vérifier sur place.
Si ce n’est pas encore votre cas, et que vous souhaitiez en savoir un peu plus, vous pouvez nous contacter de quelques clics. Mais le mieux est encore de venir nous voir « pour de vrai »…
NB Le cinéaste Marcel Ophüls tourna au CCA plusieurs séquences de son film « Hôtel Terminus, Klaus Barbie, sa vie et son temps », oscar du meilleur film documentaire en 1989. On y retrouve entre autres les commentaires de trois sociétaires du club: Raymond Lévy, Marcel Cruat et Henri Varlot. LIEN VIDEO